Edito 2014
par Jérome Duwa, le 05/02/2014
Le 17 décembre, Benjamin Constant arrive à Nevers et s’emporte parce qu’il n’y trouve pas même de chevaux disponibles pour poursuivre sa route. Finalement, il y passe une nuit agréable ; il relit son journal, ce qui « l’amuse passablement », et en particulier ce passage : « Je le sens profondément, je ne serai jamais ce qu’il faut être pour vivre avec les hommes de ce moment-ci ».
N’est-ce pas là formuler avec exactitude l’effet que l’on attend des bons livres ? Qu’ils produisent ou confirment ce sentiment d’incompatibilité à l’égard de la vie ? Qu’ils nous portent un peu plus loin, un peu ailleurs, un peu en dehors de ce qui quotidiennement a lieu ? Cette phrase, Benjamin Constant, l’auteur d’Adolphe, l’amant de Madame de Staël, l’avait écrite dans son Journal intime peu de jours avant d’entreprendre un voyage le conduisant à passer par Nevers. C’était la fin de l’année 1802.
En somme, Benjamin Constant quittera Nevers pour atteindre Montargis le lendemain en ne gardant pas un si mauvais souvenir de son séjour forcé. Les nombreux écrivains qui sont venus à La Médiathèque Jean Jaurès, au Café Charbon et à la Maison de la culture quelque deux cents ans plus tard, à l’occasion de notre première édition de Tandem ont été surpris, même très agréablement surpris par ce que ce festival tout nouveau pouvait réunir d’auteurs et, surtout, ce qu’il pouvait créer comme concordances émotionnelles inattendues atteignant un public nombreux.
Mais pourquoi s’étonner ? Il y a forcément un public désireux d’être captivé, dès lors qu’il s’agit sincèrement de ressentir autre chose que le battement régulier de la réalité en écoutant une lecture, en assistant à un spectacle associant divers artistes, le tout selon la formule désormais éprouvée du tandem.
Le pari lancé en 2013 de réaliser un festival littéraire original a été relevé une première fois avec succès, ce qui donne du cœur à l’ouvrage à tous ceux qui y ont contribué à divers titres. Le travail des personnels de la Médiathèque Jean Jaurès sous la direction de Claire Garand, d’Arnaud Cathrine et de l’ensemble des membres de l’association Tandem permet de construire peu à peu l’identité de cet événement littéraire. Nous souhaitons notamment que ce festival s’affirme à travers des créations et elles sont particulièrement nombreuses dans notre nouvelle programmation.
Que peut-on souhaiter à cette seconde édition de Tandem ? Encore plus de spectateurs de tous les âges, de curieux, de flâneurs, afin que la littérature actuelle vive et s’expérimente autrement.
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